Accueil > Documents > Bibliographie > Une morale du bonheur - Ethique et vie spirituelle
Editions des Béatitudes, 2003, 12,70 €
Une morale du bonheur - Ethique et vie spirituelle
par le Père Thierry Farenc - Préface de Mgr Bruguès
mardi 10 janvier 2006
Description
Une morale du bonheur... ? Est-ce à dire que la morale serait nécessaire pour l’homme qui désire une vie heureuse ? À une époque où l’on cherche le bonheur partout mais où la morale est devenue taboue, l’auteur de ce livre nous le prouve avec beaucoup de pédagogie.
À travers ces lignes, il nous fait redécouvrir une morale de qualité et de liberté bien loin de la morale d’obligation teintée d’austérité et de jansénisme dont nous avons héritée, carcan pour l’homme en quête de liberté.
L’objet de cet ouvrage est de montrer comment la vie morale - les actes concrets de chaque jour - associée à la vie spirituelle- la vie dans la foi, dans l’Esprit - conduit le chrétien sur un chemin de libération et de bonheur, sur un chemin de sainteté. Un livre écrit pour rendre accessible au plus grand nombre les fondements de la théologie morale.
Préface de Monseigneur Bruguès, Evêque d’Angers
Si, avant de choisir un titre, l’auteur des pages qui suivent nous avait consulté - mais, il ne l’a pas fait -, nous lui aurons suggéré de regarder du côté du regretté Père Pierre-Marie Emonet. Au terme d’une longue vie consacrée à l’enseignement et à la vie spirituelle, celui-ci avait condensé son expérience en deux petits ouvrages qui apparaissent maintenant comme une sorte de testament : La Métaphysique expliqué aux simples (1991) et L’Âme expliquée aux simples (1994). Ces simples-là renvoyaient, bien sûr, à ceux évoqués dans l’action de grâces du Christ : « Je te rends grâce, Père, d’avoir révélé cela aux simples et aux tout-petits... » (Mt 11, 25). Les simples ne disposent peut-être pas d’une forte culture livresque et apprise, mais ils jouissent d’une sorte d’instinct spirituel qui leur permet d’aller immédiatement à l’essentiel, au fond des choses, au mystère de l’être. À ces privilégiés, il convient de parler simplement, mais avec des mots empruntés à l’usage quotidien, « basique », diraient les jargonnants du moment. On se rappelle enfin que, dans les jardins anciens des monastères, existait un carré réservé aux « simples », à ces plantes médicinales aptes à soigner les affections les plus courantes...
Le propos de l’abbé Thierry Farenc s’inscrit dans cette même perspective de simplicité. Son livre ne relève ni du traité théologique, ni du cours universitaire ; il s’agit d’un enseignement donné à de « simples » chrétiens dans le cadre d’un centre spirituel. Empruntant les voies tracées par saint Thomas et, avant lui, par Aristote, l’auteur met la théologie morale à la portée du tout-venant. On trouvera donc dans cet ouvrage les notions foncières par lesquelles la morale chrétienne s’est pensée et à été enseignée pendant si longtemps : grâce, loi, vertu, bonheur, passions et actes humains. L’ensemble s’inscrit dans une perspective bien définie. Tout homme venu en ce monde jouit d’un capital de base indéniable : il est créé à l’image de Dieu et rien, pas même le péché, ne le privera de cette image. L’image est un donné ontologique. Lancée ainsi dans l’existence, la créature raisonnable est appelée à se rapprocher progressivement de Dieu, à pas de ressemblance et d’amour. La ressemblance est un concept historique. Les deux premiers chapitres dessinent ainsi une anthropologie fondamentale : ils définissent la conception de l’homme sur laquelle repose toute approche de la morale catholique.
Ce livre devrait rendre deux grands services.
En premier lieu, il tente de pallier les défaillances de la culture chrétienne du moment. On le dit, on le répète, mais en est-on persuadé pour autant ? les mots sont fatigués, assure-ton, parce qu’on les juge incapables de toucher désormais notre intelligence et surtout notre sensibilité, on congédie ainsi nombre d’entre eux appartenant à un patrimoine plusieurs fois millénaire. Or, les mots disent le génie d’une civilisation. Ils ne s’usent guère, en réalité, ceux de la morale moins que les autres, parce que, à travers les imprévisibles variations de l’Histoire, ils racontent toujours la même expérience et portent chaque fois la même charge de peine et d’espoir. Les plus décisifs d’entre eux ont été lestés du poids de la grâce, quand ils ont été prononcés par le Christ ou par ses saints. L’oubli, ici, est un appauvrissement, une perte insupportable. Qu’un mot vienne à s’éteindre, et notre route se fait plus obscure et plus solitaire. En morale, toute rupture est une régression, c’est-à-dire une tragédie. Certes, comme la vie humaine, les mots peuvent évoluer, mais ils ne changent guère : notre fantaisie ou notre inculture, seules, nous le laisseraient croire. Ils ne demandent qu’à servir, à la condition de bien nous en servir. Le présent livre s’attache donc à redonner à chaque terme de la morale catholique son sens le plus vrai et dons le plus simples.
En parcourant ces lignes, une question nous revenait constamment à l’esprit, sous la forme lancinante d’une obsession. Depuis une trentaine d’années environ, en France du moins, la catéchèse a privilégié, au détriment d’un corpus appris, l’expérience d’une sorte de compagnonnage avec le Christ. Il ne s’agissait plus tellement de transmettre, mais de faire découvrir, puis savourer, la personne de Jésus et l’éclosion des premières communautés chrétiennes. Une longue querelle théologique, née au XIVe siècle, se terminerait ainsi par le triomphe des Augustiniens, et consacrerait le primat de la volonté, donc de l’amour, sur l’intelligence. Que la découverte de la personne du Christ et celle du témoignage des premières expériences apostoliques soient essentielles, qui songerait à le nier ? Il convient cependant d’ajouter aussitôt que si celles-ci ne se traduisent pas par un ensemble structuré d’images, de mots et de concepts, en un mot par une doctrine, elle est condamnée à l’éphémère et à l’évanouissement. Nous trouvons une espèce de preuve de ce nous avançons dans l’extraordinaire succès de librairie, dès sa parution en 1992, rencontré par le Catéchisme de l’Église catholique ; huit cent mille exemplaires vendus en notre pays dans le premier mois ! Or, ce catéchisme se présentait en réalité comme un compendium dans lequel étaient définis et mis en relations tous les termes de la tradition chrétienne. Force est cependant de constater que ce catéchisme n’a pas imprégné jusqu’à ce jour les parcours catéchétiques en vigueur dans notre pays. L’ouvrage est salué... de loin ! Son influence est restée insignifiante. Le livre du Père Farenc apparaît donc comme une tentative de sauver de l’oubli et de la méconnaissance une voie royale de présentation de la morale.
Le second service attendu de ce livre sera exprimé en quelques mots seulement. Le propos du Père Thierry Farenc n’est pas d’abord culturel. il est simple, comme nous le disions en commençant, en ce sens qu’il cherche à faire vivre, à alimenter la vie spirituelle. L’auteur dépasse ainsi la séparation ruineuse et pourtant ancienne, puisqu’elle remonte nominalisme du XIVe siècle, entre morale et vie spirituelle. Il s’en explique dès les premières pages : « ... la théologie morale et la théologie spirituelle concernent l’homme dans sa totalité, elles n’ont d’autre but que celui de conduire l’homme vers la plénitude de la vie divine. » Chacune à sa manière, elles conduisent toutes deux à la seule chose qui importe vraiment au baptisé : la sainteté.
Monseigneur Jean-Louis Bruguès, Evêque d’Angers
Auteur
Thierry Farenc est prêtre du diocèse de Montauban où il exerce à mi-temps. Il est aussi Prieur de la Fraternité Sacerdotale de Saint Dominique de Toulouse. Maître en Théologie et diplômé en psychologie, il est chargé de cours à la Faculté de Théologie. Il a été successivement vicaire en paroisse, aumônier d’établissements scolaires et vicaire épiscopal. Il est également responsable des études et accompagnateur spirituel auprès de séminaristes.